Premières arrivées et installations

Premier bilan

L’expérience de cohabitation internationale est d’emblée considérée comme un succès. Le spectre d’un simple dortoir pour étudiant-es définitivement écarté. 

De la satisfaction…

Un rapport d’enquête auprès des ancien-es résident-es de la Cité, publié par le directeur Wyler en février 1968, révèle un confortable taux de satisfaction. D’une série de réponses, il conclut :
« La confrontation des avantages et des inconvénients tourne au profit des premiers qui réunissent 288 suffrages contre 153. Les atouts psychologiques et matériels de la Cité l’emportent quasi à égalité, tranquillité et indépendance venant ensuite. »

… Mais

Dans ce cadre quasi idyllique, l’esprit critique des étudiant-es ne s’est pourtant pas émoussé. La plupart des remarques se concentrent sur l’isolement de la Cité, jugée trop excentrée, l’exiguïté des chambres, le manque d’espaces communs et l’insuffisance criante de téléphones – cette dernière récrimination étant principalement adressée par des Confédéré-es.

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1966 – des étudiants dans leur chambre à la Cité Universitaire
Vous avez dit exigu ?

À la fin du dépouillement détaillé des questions adressées aux ancien-es résident-es de la Cité, Rémy Wyler s’interroge : 

« Doit-on conclure que les jeunes filles qui ont répondu également aux questions 45 et 46 (aspects positifs et négatifs de la Cité), tandis que l’écart est de 9 avis de plus sur les aspects positifs de la Cité chez les jeunes gens, sont moins satisfaites ou faut-il mettre cette constatation au crédit d’une plus grande conscience du sexe faible ? » 

Rémy Wyler

Les points positifs de la Cité ?

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Témoignages Cité Universitaire de Genève

« L’indépendance / La possibilité de vivre en commun sans perdre son indépendance / L’épanouissement de ma connaissance humaine /  La très bonne organisation interne / La possibilité d’être logé convenablement pour ses études et dans un cadre paisible et somme toute agréable. »

Un Hollandais, un Turc, une Grecque, une tessinoise, une vaudoise, une Italienne, un Marocain, une Bulgare, une Brésilienne… 

« Je suis convaincu qu’une fois qu’on aura établi une ‘tradition’, la Cité sera un grand succès du point de vue social. Mais il faudrait empêcher les loyers d’augmenter… et je sais que c’est difficile. »

Un Ecossais

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Devoir civique

« Des étudiants ont surpris en flagrant délit, devant la cité universitaire, un Espagnol âgé de 34 ans, peintre en bâtiment, qui volait dans des voitures en stationnement. Ils s’assurèrent de sa personne jusqu’à l’arrivée de la police. L’homme avait déjà volé une quantité d’objets, soit des appareils de radio, coussins, couvertures, parapluies, cartes routières, ceintures de sécurité, gants, outillage pour autos, etc.. Le voleur a été écroué à la prison de Saint-Antoine. »

Journal de Genève, 18.06.1968

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Le téléphone de la discorde

Dans son rapport, Rémy Wyler admet volontiers que « la Fondation d’alors n’avait pas songé à l’importance que prendrait cet agent de communication. » Le directeur argue du fait que la dimension de la Cité n’est pas suffisante pour embaucher une standardiste à plein temps et que la limitation à certaines heures (20h-22h) est justifiée par l’emprise des cours des facultés sur l’ensemble de la journée. Certaines améliorations vont cependant être prises en compte : des lignes privées, pour les étudiant-es comme pour les couples dont le téléphone de palier s’entend mal des studios, ainsi qu’un interphone permettant l’appel direct en chambre.

« Gageons que la possibilité de mettre à disposition des lignes privées contribuera sous peu à calmer les drogués du téléphone (certaines étudiantes arrivent à se faire appeler entre 10 et 20 fois certains jours de la semaine !) »

Rémy Wyler