De l'utopie à la réalité

Romantisme estudiantin v. réalisme économique

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Cité Universitaire : les privilégiés

Une menace de grève des loyers rendue publique à la suite d’une augmentation annoncée pour le 1er janvier 1966 (chambre individuelle de 130 à 150 fr.) achève de cristalliser les critiques d’une certaine opinion sur les privilégié-es de la Cité, (« un certain nombre d’entre eux ayant des ressources suffisantes pour être propriétaires de voitures ») bénéficiaires non seulement d’un logement confortable à prix modique mais de toutes les infrastructures et divers services. Difficile de compatir au grief d’une valaisanne qui s’écrie : « Terrible de travailler, manger, dormir, recevoir des amis dans une si petite chambre » ou de souscrire aux desiderata d’un Suisse-allemand qui souhaite « le téléphone par chambre et un jardin arborisé avec chaises longues » ou ceux d’une Italienne qui voudrait elle aussi « le téléphone par chambre et des baignoires. »

Dans le numéro 12 d’UniInfo, Raymond Racine, président de la Fondation de la Cité Universitaire, soutient les « idées essentielles » du Professeur Baumann tout en rappelant que la Cité « c’est un bâtiment de onze millions qu’il faut entretenir ; c’est plus d’un million de mobilier et de matériel à renouveler ; ce sont cinq millions d’emprunt à rembourser et quelque 250'000 francs d’intérêts bancaires à payer, des réserves d’exploitation à constituer, etc. (…) C’est aussi un plan financier à moyen et long terme. C’est l’impératif de rendre la Cité Universitaire ‘self supporting’, d’où une comptabilité soucieuse d’économie, des capitaux de circulation serrée, des amortissements conformes aux règle fiscales, des attributions à des fonds sociaux… » D’où le cri d’indignation publié le 5 janvier, après recueil de maintes doléances de citoyen-es, estimant qu’« il n’est pas concevable qu’ils (ces étudiants) ne réalisent pas ce que leur comportement a de choquant et, il faut le dire, d’inadmissible. »    

Les dortoirs: diversification économique réussie

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Dortoirs de la Cité Universitaire © Freddy Bertrand
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Carnets dortoirs


La création d’un dortoir pour étudiant-es de passage participe du plan de la Cité pour serrer ses dépenses (à l’égal d’une meilleure exploitation de la restauration ou de la location de chambres pendant les vacances universitaires). Les étudiant-es des Cours de vacances de Genève, les participant-es de la Coupe du monde des jeunes de tennis de 1986 (dont le jeune Marc Rosset du Drizia), les touristes, les routard-es des années 90 ou, dès 2000, les étudiant-es en situation d’urgence y trouvent un agréable refuge. En 1993, les 30 ans de la Cité sont l’occasion de rappeler que la transformation estivale de la résidence en hôtel ainsi que les dortoirs représentent 25'000 nuitées. 

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Le registre d'hôtel: une preuve à charge

Dix-huit Iraniens ayant occupé le consulat d’Iran le 14 avril 1982 passent devant la Chambre d’accusation, inculpés de violation de domicile, dommages à la propriété, déprédations, séquestration et contrainte pour avoir détenu le consul et cinq employés pendant environ deux heures, suppression de titres (destruction de passeports) et vols de 17'000 fr et 115 florins hollandais. Une partie de l’argent a été retrouvée sur les suspects. Mais pour l’autre… « Le juge d’instruction soupçonne que certains des occupants ont pu s’enfuir. Soupçon renforcé par le fait que ce sont vingt Iraniens et non dix-huit qui ont passé la nuit du 13 au 14 avril à la Cité universitaire », preuve fournie par le registre du livret d’hôtel transmis à la police. 

1997 : No problem !

« Un cas concret. Fauché, 20 ans, Australien et piéton, John Smith débarque du train à 22h30 (…). No problem ! Un permanent (du CAR) pianote le minitel. John Smith passera la nuit sur un bon lit. Le dortoir de la Cité universitaire dispose encore d’une place pour treize francs. »

2013, l'hébergement d'urgence

Une rentrée mouvementée pour Yamina et François, deux étudiants n'ayant pas trouvé de logement.