Extension

Le semi-communautaire : une première en Suisse

Initiée dès 1970, à une époque où la tension du marché du logement était particulièrement forte, l’extension de la Cité ne prend son envol qu’à partir de 1981. La formule communautaire évolue en une formule semi-communautaire intergénérationnelle. 

Conçu par Edwin Zurkirch suivant les doléances des ancien-es résident-es, le nouveau bâtiment inauguré à l'automne 1986 emballe la Gazette de Lausanne : « A la fois bon marché et fleuron de l'immobilier genevois, ce bâtiment de sept étages est une perle dans laquelle il fait bon vivre ». L'ensemble dispose de 47 appartements HLM de 3, 4 et 5 pièces entièrement meublés et équipés, destinés aux étudiant-es, tandis qu’une vingtaine d’autres sont affectés à la Caisse de retraite de l’hôpital (actuelle CPEG) et que le rez-de-chaussée abrite le Club des aînés de Champel (actuel Espace quartier Champel de la Ville de Genève). 

« Largement ouverte sur l’extérieur, la cuisine est parfaitement équipée et sa baie vitrée évoque une cabine de téléphérique ! 
Présenté au public, l’immeuble fait des envieux et des mélancoliques parmi les plus de trente ans… qui regrettent de ne plus être étudiant. »

Plusieurs facteurs expliquent cette évolution : le semi-échec des cellules de rucher originelles – la Gazette de Lausanne établit d’ailleurs un parallèle, en 1983, entre les étudiant-es squatteurs et « la formule actuelle de la Cité universitaire (qui) n’a plus la cote : cette dernière a été longtemps sous-occupée » ; et la volonté du Conseil d’Etat de se prémunir contre une éventuelle détente du marché immobilier et/ou de la baisse de la demande estudiantine et de s’assurer la possibilité de convertir les logements inoccupés en appartements HLM pour particulier-es.

Un lieu propice au changement 

Apparemment en rupture avec l’utopie primitive qui animait Jean-Aimé Baumann, cette formule illustre néanmoins ses réflexions générales sur l’esprit de recherche universitaire : « La vie suppose une constante adaptation aux circonstances du présent (…) toute institution universitaire doit être le lieu d’une recherche permanente : elle doit s’efforcer continuellement d’atteindre les définitions plus compréhensives de ses idées essentielles (ce qui est de nature éternelle dans la tradition) et en même temps chercher à les appliquer toujours mieux aux conditions mouvantes de l’existence momentanée. » 

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1990 – Cité universitaire © Murat

Bâtiment C:
des appartements supplantent le rucher

Une étudiante et M. Jean-Jacques Monney, directeur de la Cité (1974-2006) 

« Figurez-vous que les architectes ont, eux aussi, été intéressés par les désirs manifestés par les étudiants en 1968. Il faudrait en tenir compte. Je veux dire par là qu’entraînés dans un monde qui aime les changements immédiats, nous concevrions une Cité plus transformable. C’est d’ailleurs possible en dehors de l’infrastructure essentielle. A l’époque, nous construisions encore pour cent ans. Donc de manière par trop rigide. Aujourd’hui il faudrait donner à l’étudiant une base, un local, et le laisser libre de déplacer ses parois, d’aménager comme il l’entend son ‘coin’. »

Louis Payot, architecte de la Cité

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Déconnexion ?

« Vaguement débraillés, mastiquant sans se gêner leur chewing-gum sous le nez du conseiller d’Etat, du président du Grand Conseil et des députés présents, et montrant par là, pour de futurs représentants de l’élite intellectuelle et culturelle de notre communauté, une absence élémentaire de courtoisie qui donne à réfléchir, ils ont exposé qu’après l’évacuation de l’immeuble de la rue de Saussure, M. Wellhauser, conseiller d’Etat a conseillé aux étudiants d’aller voir l’office du logement, qui les a relogés rapidement, mais pas toujours dans les conditions les plus favorables. » Ceux-ci et celles-ci préféreraient occuper notamment de vieilles maisons en attente d’être rénovées…