Evénements, fêtes, activités

La culture : un préjugé bourgeois ?

« Ce qui frappe le plus, en effet, chez la majeure partie des étudiants, c’est le manque de curiosité, de soif de culture » s’alarme Rémy Wyler dans son rapport d’enquête auprès des ancien-es résident-es de la Cité, publié en février 1968. 

Pour le directeur de la Cité, « la vraie culture n’est pas un simple bagage de connaissances, elle est l’un des meilleurs moyens de communication entre les hommes, l’ordre le plus élevé de relations, la prise par excellence sur la réalité, la clé d’une certaine compréhension du monde, bref, elle est ce qui donne à la vie saveur et raison d’être pour peu qu’elle soit animée par l’amour. »

« L’université, époque idéale de la vie pour l’acquisition d’une culture générale, est devenue pour beaucoup l’école professionnelle qui donne accès au diplôme nécessaire à une carrière. Cette culture générale ils la jugent un préjugé bourgeois ; elle est pourtant la condition de la survivance de la culture d’une civilisation. »

Rémy Wyler

Et pourtant. Dès le premier trimestre 1965, soit un an après l’installation de tous les résidents, le Journal de Genève souligne le dynamisme de la Cité. Projeté au ciné-club, le western de George Marshall, La Vallée de la poudre, attire 150 spectateurs et spectatrices, tour de force quasi égalé par le film muet de Poudovkine, Tempête sur l’Asie. Les soirées musicales autour d’artistes réputé-es (des membres de l’OSR, le pianiste Oswald Russell ou le violoncelliste Philippe Mermoud) jouissent également de belles fréquentations, tout comme les débats d’actualité ou les conférences scientifiques et médicales (notamment celle du Dr Meylan sur la régulation des naissances ou de la psychologue, Mlle Lescaze, sur « l’importance du choix des jouets de vos enfants en fonction de leur âge »).

Mais ce sont les manifestations à caractère folklorique et ethnographique qui font salle comble, souvent honorées par la présence des consuls idoines: récits de voyage, conférences et reportages sur les pays de certains résidents (Turquie, Iran, Japon, Maroc), etc.. Et ce, trois avant l’inauguration de la Salle Patiño. Lançant les quinzaines d’art contemporain dès son ouverture, puis une programmation annuelle régulière dès 1974, l’octogone deviendra très vite la scène de référence de l’avant-garde contemporaine et l’incubateur d’associations à l’origine des institutions les plus marquantes de la vie culturelle genevoise, et contribuera à pallier l’éloignement de la ville (où se concentrent les lieux culturels) et du bus pour ouvrir les horizons estudiantins.

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1973, placement de produit

Prenant prétexte du caractère international de la Cité, Air France organise en 1973, à la Salle Patinõ, une soirée de projection de diapositives en fondu enchaîné afin de promouvoir ses vols pour les Antilles, Tahiti et autres îles du soleil. 
300 personnes, comprenant M. Robert Vieux, chef du protocole, et M. Emile Privat, colonel-brigadier, s’y sont pressées, tout en profitant ensuite de la réception au champagne.

Témoignages et souvenirs

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1974, manifestations FraterNoël à la Cité Universitaire

Suivant l'équipe d'animateurs et d'animatrices de jeunesses protestantes et catholiques, des manifestations sont organisées à la Cité la veille de Noël : "de 19h30 à 24h, des jeux, des groupes de musique, film(s), discussions, information tiers monde et groupe biblique universitaire, buffet permanent et gratuit, chants; dès minuit, marche aux flambeaux dans la ville."

Journal de Genève, 24-26.12.1974 

Le Salon turc

« Pour les records d’affluence, la palme revient aux résidents turcs. 250 personnes se pressaient dans la salle des fêtes pour applaudir leur soirée folklorique. Les étudiants turcs n’avaient pu obtenir les costumes nationaux indispensables pour danser, mais leurs chansons d’amour paysannes furent introduites et chantées avec tant d’entrain et de bonne humeur communicative que le public fut transporté. M. Dülger (président de l’Association des étudiants turcs) introduisit chaque chanson par un commentaire savoureux ; ce fut presque délirant. » 

Encouragée, l’association se mobilise et, le 30 juin 1966, est inauguré au 7e étage de la tour un salon turc : sièges recouverts de peaux de chèvre, plateaux de cuivre ciselé, céramiques, beaux livres, narghilés et motifs décoratifs autour des personnages populaires. Pour l’occasion, M. Mehmet Dülger représenta un petit jeu d’ombres caractéristique des œuvres du XIVe s, mouvant des figurines colorées taillées dans de la peau de chameau derrière un écran translucide, pour le plus grand bonheur des résident-es. Le succès de ce salon ne se démentira pas pendant plusieurs années.