Les chef-fes d'étage : un rôle clé
Fondamentaux dans l’organisation voulue par Jean-Aimé Baumann, les « chefs de groupe – choisis en fonction de leur âge et de leur aptitude à créer les contacts humains – devront aider la direction à faire mieux que simplement une bonne gestion. » Soit instaurer un esprit de communauté, éviter que les un-es et les autres s’ignorent, « améliorer les conditions psychologiques d’un accueil qui – on l’a souvent déploré – manque chez nous de chaleur hospitalière. »
« On évitera, c’est évident, la mentalité du ‘sergent’ : on sait bien qu’on aura affaire à des étudiants, adultes pour la plupart, par définition individualistes et soucieux de leur indépendance. »
Editée en 1974, une brochure de la Cité universitaire résume les tâches administratives effectuées par les responsables d’étage ou CG (chef-fes de groupe) en échange de leur studio indépendant :
- établir l’inventaire des chambres à l’arrivée et au départ de chaque résident-e,
- garder un double des clés en cas d’oubli, distribuer les clés de la cuisine et des frigos,
- fournir les ampoules de rechange, fers à repasser, machine à coudre et machine à polycopier,
proposer une pharmacie d’urgence (cachets, pansements, désinfectants, etc.).
Une énumération un tantinet bureaucratique
Cette liste aride motive certaines critiques relevées dans le rapport d’enquête auprès des ancien-es résident-es de la Cité commandé par le directeur Wyler en 1968 : « le rôle de chef de groupe est insuffisant, souligne une tessinoise, car se limitant à des fonctions purement administratives et ne s’occupant pas assez du côté humain. » Si un Japonais se plaint que « le chef de groupe n’accomplit pas ses responsabilités ; l’organisation interne de l’étage (étant) très mauvaise » et si un Suisse-allemand raille « les chefs de groupe (qui) ne font en général rien que de profiter de leur appartement », tandis qu’un Turc décrète que « les chefs de groupe sont inutiles », une Bulgare relève que « le service ‘CG’ dépend essentiellement de la personnalité du CG, on ne peut pas le juger en général. »
Ce qui n’empêche pas le directeur Wyler de conclure, dans ce même rapport : « l’institution du Chef de Groupe donne satisfaction au 82.6% des résidents qui ont accordé une cote d’appréciation à la rubrique. D’autres soulignent que la qualité varie d’un CG à l’autre. Le poste n’est contesté que par une très petite minorité, généralement candidats malheureux. »