Le B.A.R

Entre règlements et cahiers de doléances

« Mais comme tout concept de vie en commun, il ne pourra prendre – à la Cité Universitaire comme ailleurs – sa vraie signification que dans un consentement général ; ceci implique que tous veuillent jouer loyalement la réussite du ‘système’. »

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Association d'étudiants Cité Universitaire

C’est ainsi que dès le milieu des années 70, conformément à la nouvelle doctrine énoncée par Raymond Racine, héritière, pour moitié, des « préfets nommés par le haut », un certain nombre de règlements voit le jour sous l’impulsion du B.A.R : l’attribution des chambres d’enfants du bâtiment B, en concertation avec le ou la chef-e d’étage des couples (1975), l’utilisation des fours pour les couples, la fréquentation de la salle de lecture (sans cigarettes, pipes ou pique-niques, 1976), le Cité Ciné Club (1983) ayant pour but de « présenter aux résidents de la CUG ainsi qu’aux étudiants de l’université de Genève des films de valeur ‘retirés du commerce’ »

Quant à la mission héritière des « maires élus par le bas », celle-ci se déploie selon un éventail on ne peut plus large, au gré des doléances des résident-es et des lacunes observées dans l’organisation au fil du temps :

  • travaux pour améliorer l’infrastructure déficiente du Big-Bisou (manque de toilettes internes et d’un téléphone externe) ; 
  • demande de suppression définitive du jeu du « flipper-pinball », générateur de « trop de conflits et de trop de passions (ex : porte brisée) » ;
  • autorisation pour la « création indispensable d’une Carte de Résident  de la CUG, donnant droit au libre accès à la salle de séjour, au Big-Bisou, aux terrains de tennis, aux salles de télévision, et empêchant ainsi la fréquentation de ces lieux par des personnes qui n’ont rien à y faire » ;
  • fermeture de la salle TV à 23h à cause du bruit ;
  • vote à la majorité de l’insonorisation de la B-4.33 et des jours de fêtes les jeudis et samedis ;
  • subventionnement par la caisse de l’Arcade de la moitié des frais pour la pose d’un judas sur les portes des chambres ; demande d’un programme TV dans la salle TV ;
  • installation d’un collecteur de verre et d’aluminium repoussée pour cause d’abus 
  • ouverture des salles TV et des cabines de téléphone pendant la nuit refusée « à cause des dégâts et de l’hébergement des clandestins » ;
  • à défaut de la mise à disposition dans chaque bâtiment, prêt d’une ancienne machine à coudre en dépôt chez Marie et Yvan au B-2.11 « si quelqu’un arrive à la faire fonctionner » ;
  • demande pour un lecteur CD au A-11.0  ; 
  • refus d’une cheminée dans le jardin, des grills sont à disposition sur demande  ; 
  • installation de détecteurs de fumée après deux incendies consécutifs ;
  • amélioration de la connexion et augmentation du débit Internet par l’instauration du Wifi ;
  • organisation du tri des déchets ;
  • sous-location des chambres autorisée en échange d’une totale transparence, etc..

« Nous démontrons par là que le présent comité du BAR assume ses responsabilités et veut résoudre les problèmes de la CUG avec des moyens simples, efficaces et non exonérants. »  

B.A.R et Comité du Big-Bisou

Il était besoin de le préciser dans le règlement de la salle A 13.0

« En cas de mauvais temps, et si la pluie entre dans la salle parce que la fenêtre est ouverte, la personne qui se trouve dans la salle à ce moment-là est priée de bien vouloir la fermer pour que tout ce qui se trouve à proximité ne soit pas trempé par la pluie. »

L'insoluble problème de la discothèque

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Arcade 46, 1991

Deux sujets récurrents traversent les époques : le déficit endémique de la discothèque – nommée BARBAR puis Big-Bisou puis Arcade 46 – ainsi que la fréquentation par des mineur-es, illicite, de la salle des jeux, la salle des fêtes et du restaurant (débits de boissons alcoolisées), occasionnant tapage nocturne et déprédations. 

« Le restaurant est devenu salle des jeux de hasard (…) Il y a même des gens qui arrivent avec leurs boissons et ne consomment pas. » De même, « à l’entrée du Big-Bisou, on assiste souvent à des bagarres entre le portier et les gens qui veulent entrer soit sans montrer leur carte soit sans payer. » Inquiet, le BAR sollicite régulièrement l’aide de la direction, « qui ne peut se permettre de porter la responsabilité des jeunes du quartier (boissons, drogues, jeux d’argent !). » « Malgré les expulsions répétées et les lettres d’avertissement adressées aux parents », le problème persiste. L’instauration des cartes de membre en 1983 puis l’ouverture de la Maison de quartier du Bout-du-Monde en 1984 le régla, en partie, motivant le chargé du Département de justice et police à renouveler, d’année en année, « l’autorisation de danse les jeudis et samedis soirs », pour autant que la discothèque respecte les heures de fermeture, les directives relatives à la sécurité, l’hygiène et la tranquillité du voisinage et que les cotisations comprennent le droit des pauvres.